Friday, November 07, 2008

LE NOUVEAU SOUFFLE DES ETATS-UNIS





Ces dernières années les Etats-Unis paraissaient quelque peu essoufflés sur la scène internationale. Dans tous les Etats, la fin d’une présidence est marquée par un certain immobilisme. Ce phénomène était accusé aux Etats-Unis par l’érosion de l’autorité de George Bush .A son engagement désastreux en Irak sur la foi de rapports mensongers s’était ajouté l’effondrement du système financier américain. Le mythe du rêve américain s’était quelque peu effrité et le modèle américain ne récoltait plus les espoirs.



On en venait presque à oublier que les Etats-Unis ont un des systèmes démocratiques les plus perfectionnés de la planète. Une très large participation populaire au pouvoir, un système fédéral qui laisse une très grande autonomie à la base, un président élu au suffrage populaire quasi-direct, deux chambres législatives puissantes et bien outillées et un pouvoir judiciaire très indépendant assurant strictement la protection des droits et des libertés. Il ne fallait pas pour autant négliger les tares de la démocratie américaine : la trop grande puissance de l’argent, le confinement relatif de la minorité noire, la puissance des lobbys.



La compétition électorale qui vient de se terminer par la victoire de Barack Obama illustre l’excellente campagne populaire qui a précédé l’épreuve électorale .Avant de convaincre l’Amérique toute entière, chaque candidat a du s’imposer dans son propre parti. Déjà à ce stade le parti démocrate a démontré son dynamisme puisque les deux principales figures qui s’affrontaient étaient une femme Hillary Clinton et un américain de race noire Barack Obama. Ce qui constituait deux premières. Après avoir convaincu son parti , Barack Obama a du séduire l’Amérique.



Il a su faire de ses apparentes faiblesses une force. Il n’était ni le représentant des grands trusts ni celui du capital. Il a préféré devenir le représentant des petites gens se disant avec juste raison que les petits ruisseaux forment les grandes rivières. Les dons individuels ont effet été particulièrement importants dans le camp démocrate, Barack Obama a décidé, à la surprise générale, de se passer du financement public prévu par le système électoral américain et de faire appel aux dons individuels. Ainsi, le candidat démocrate a conquis plus de donateurs que son adversaire dans toutes les catégories sociales, les petits donateurs (moins de 200$) représentent 48% des dons reçus, contre 34% pour MC Caïn. Grâce à une large participation populaire-qui augurait déjà de son succès, Obama a ainsi bénéficié d’un budget record : 593 millions, contre 216 pour MC Caïn. La publicité politique lui aura coûté 207 millions contre 119 millions pour son concurrent. Obama s’est ainsi offert 30 minutes de prime-time pour un montant estimé entre 3,5 et 5 millions de dollars.



Armé de son slogan « YES WE CAN », il a su faire de ses racines étrangères et de sa race noire une force. La Constitution américaine est très libérale à cet égard : pour être candidat, il faut être américain de naissance-ce qui exclut les naturalisés- et avoir au moins quatorze ans de résidence aux Etats-Unis et trente-cinq ans d’âge. Agé de 47 ans, né aux Etats-Unis d’un père kenyan et d’une mère américaine Barack Obama remplissait ces conditions théoriques. Il lui restait à vaincre l’apparent handicap d’être le premier Noir à briguer la magistrature suprême. Il lui fallait parachever le combat qu'ont conduit depuis 45 ans les militants des droits civiques avec au premier rang Martin Luther King. Certes des progrès ont été accomplis Près de 10 % des membres du Congrès et des centaines de maires sont des Noirs, et ces derniers sont de plus en plus nombreux à entrer dans la classe moyenne et certaines professions élevées. Mais il restait à franchir la première marche du podium . Barack Obama l’a fait avec détermination et talent

Son élection inspirera de. la fierté à tous les Noirs du monde entier qui ont eu à souffrir de la discrimination. Elle est aussi à porter au crédit de tous les Américains qui ont su vaincre leurs préjugés.



La tache qui attend le nouveau Président est immense. Il doit redonner à son pays la rage de vaincre et la passion de la justice qui étaient quelque peu érodées. Sur le plan international, Barack Obama aura à cœur de mieux entendre la voix des humbles et des déshérités de la croissance. Un nouvel espoir est né.





Charles Debbasch



Charles Debbasch est ministre, conseiller spécial du Président Faure Gnassingbé

Agrégé des Facultés de Droit et des sciences économiques,il est l’auteur d’un nombre considérable d’ouvrages et de publications scientifiques traduits en plusieurs langues et de milliers d’éditoriaux publiés dans la presse française et étrangère .On lira son analyse du régime politique américain dans Droit Constitutionnel et Institutions politiques 1023 p Paris Editions Economica

LA LUTTE DE SUCCESSION AU PARTI SOCIALISTE

Depuis l’annonce du départ de François Hollande, le Parti socialiste vit une dure campagne de succession. Le Congrès du Parti devant se tenir du 14 au 16 novembre, les militants socialistes votaient cette semaine pour la motion de leur choix. Ségolène Royal a créé la surprise en arrivant en tête avec 29% des votes. Bertrand Delanoë et Martine Aubry sont au coude à coude pour la deuxième place avec autour de 25% chacun, Candidat de l'aile gauche du parti, Benoît Hamon est quatrième avec environ 19%. Les deux "petites" motions du pôle écologique et d'Utopia ont recueilli entre 1,5% et 2%.
Ce vote constitue un désaveu pour les poids lourds du parti. En effet, Bertrand Delanoë bénéficiait du soutien du Premier secrétaire sortant François Hollande, de Lionel Jospin, de Michel Rocard ainsi que de nombreux cadres. L'assise populaire de Ségolène Royal reste importante mais elle ne garantit pas son succès final puisque à présent des alliances vont se nouer entre les différents courants pour tenter de contrecarrer sa candidature.
La crise internationale actuelle incite le parti à se gauchir pour profiter des difficultés du libéralisme. Ainsi , Ségolène Royal est amenée à mettre au second plan sa volonté de nouer une alliance avec le Modem tandis que Bertrand Delanoë met un bémol à sa tentation libérale. Il s’agit de ne pas laisser d’espace libre à gauche au bulldozer Besancenot et d’adapter la doctrine du PS à la nouvelle société internationale.
Charles Debbasch

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