Friday, August 27, 2010

II- UN GOUVERNEMENT EN SURSIS: REMANIER OU CHANGER DE PREMIER MINISTRE
En laissant annoncer la perspective d'un remaniement trois mois avant toute réalisation, Nicolas Sarkozy a fragilisé l'équipe gouvernementale. La peur d'être chassé de l'équipe ou la certitude d'en être exclu ne sont pas de nature à dynamiser l'action ministérielle. Le remaniement d'après régionales s'est révélé un ratage :l'élimination de Xavier Darcos et son remplacement par Eric Woerth figurent dans la comptabilité négative. comme l'annonce de sanctions des ministres trop dépensiers en voyages...ou en cigares. Nicolas Sarkozy est donc condamné à réussir le remaniement d"'octobre avec une question fondamentale à la clé: faut-il conserver ou remplacer François Fillon.
L’actuel premier ministre a pris place à Matignon le 17 mai 2007, il a donc déjà passé 3 ans et 3 mois à ce poste, une longévité exceptionnelle à remarquer. Dans le cadre du septennat, l'habitude s'était prise de changer de premier ministre en cours de mandat pour impulser une orientation nouvelle à la politique gouvernementale. Le quinquennat rend ces changements plus difficiles car dans un temps très court il est difficile à une nouvelle équipe de faire ses preuves.
C'est là un argument favorable au maintien de François Fillon. Alors que celui-ci est loin d'avoir démérité. Il a servi avec une fidélité extrême le président acceptant son grand interventionnisme qui laissait peu de marge d'initiative au Chef du gouvernement. Il est apprécié par l'opinion publique et présente l'avantage de l'expérience tandis que la nomination d'un nouveau Premier ministre est toujours un saut dans l'inconnu avec les risques de la "cressonisation".
La sagesse serait donc de garder Fillon en remaniant en profondeur l'équipe gouvernementale. Une équipe moins technocratique et plus politique. Une équipe plus ouverte vers les horizons centristes utiles pour la présidentielle.
Mais en politique la sagesse n'est pas toujours la meilleure conseillère. Il faut de l'audace: savoir brusquer les évènements pour changer le cours du destin. A l'heure actuelle, la politique gouvernementale ne recueille pas l'adhésion des Français. Il convient d'amorcer un grand virage et pour cela il peut être utile de faire appel à un nouveau personnage.
Mais on imagine la difficulté du choix puisque toute erreur risque de détruire les chances de succès de Nicolas Sarkozy à la prochaine présidentielle. Alors quels peuvent être les prétendants?
Jean-Louis Borloo a une bonne image dans l'opinion. son tempérament peut permettre de limiter les votes écologiques ; la question prend de l'importance au moment où le courant Vert se rassemble autour d'Eva Joly. D'autres aspects plus négatifs peuvent faire hésiter: la faible assise politique du ministre de l'Environnement, le peu de pratique de l'appareil de l'Etat. Mais la ''modernité '' du personnage peut donner un coup de fouet au sartkozysme.
Michèle Alliot- Marie présente l'avantage en revanche d'avoir une implantation politique importante. Héritière du courant gaulliste, elle peut limiter l'impact de la dissidence de Villepin. A la différence de Jean-Louis Borloo, elle maîtrise parfaitement la technostructure. Plus froide et réservée que Jean-Louis Borloo, elle peut offrir à Nicolas Sarkozy la part de roc qui manque à ce grand actif.
La surprise pourrait être la nomination de François Bayrou qui changerait complètement les cartes de la présidentielle en évitant le repli de l'UMP dans ses quartiers.
Quelque soit le choix effectué, l'essentiel sera le contenu de la politique choisie. Aucun remaniement, aucun changement de premier ministre n'auront d'efficacité si une nouvelle politique répondant aux vœux des Français n'est pas mise en œuvre.
Charles Debbasch