Friday, February 24, 2012

LE TRAVAIL AU CENTRE DE LA CAMPAGNE ELECTORALE




Dans une société en crise dans laquelle le chômage augmente, les problèmes du travail se situent au premier rang des préoccupations des Français.


SAR
RKOZY ET LE TRAVAIL

Nicolas Sarkozy a fait du travail  un thème essentiel de sa campagne. Dans son discours au Zénith de Lille, le 23 février 2012, il proclame : « Je veux être le porte-parole de cette France qui veut vivre de son travail... c'est le travail qui a fait la prospérité d'hier, c'est le travail qui fera la prospérité de demain. » et il reprend la critique des 35 heures : « En divisant le travail, en le partageant, on ne crée pas d'emplois, on détruit des emplois, on décourage le travail... Il ne faut pas travailler moins, il faut travailler davantage. »

.Pour le candidat libéral, le travail remplit un triple objectif. Il est la condition du maintien de la solidarité nationale. Il est la seule réponse à la crise, Il est le seul moyen de rembourser les dettes... "En 2007, j'avais choisi le travail, je n'ai pas changé d'avis», a précisé le chef de l'Etat.

Cet éloge du travail s’accompagne d’une revalorisation de l’effort humain face aux excès de la finance avec la baisse des charges pour augmenter les bas salaires, l'interdiction des parachutes dorés et des retraites chapeau, l'augmentation de la fiscalité sur les dividendes. Et le Président de conclure « Il faut que le travail paie plus que les allocations, c'est une question de morale. Il faut que le travail ne soit pas plus taxé que les revenus financiers, c'est une question de justice. »

En ce domaine, le président n’a pas estime-t-il à rougir de son bilan. Toutes les mesures prises durant son quinquennat : l'allègement du coût du travail, la suppression de la taxe professionnelle, la création du RSA, n'ont eu qu'un seul objectif : préserver et encourager l'emploi. "L'industrie, la production et le travail ont été replacés au cœur de la politique comme jamais depuis les 30 glorieuses".

Cette promotion du travail s’accompagne d’une critique de la société d’assistance. Celle-ci, si elle ne crée pas le chômage ne dynamise pas assez ceux qui sont à la recherche  d’un emploi. Nicolas Sarkozy se pose en défenseur de la « valeur travail » contre l'assistanat et souhaite obliger les chômeurs à se former aux métiers en tension puis  à accepter « la première offre d'emploi correspondant » à leur nouveau métier. C'est dans cette même direction que, sur France 2, il a proposé d’imposer aux bénéficiaires du RSA sept heures hebdomadaires de travaux d'intérêt général .Pour lui les socialistes "sont obsédés par le développement de l'assistanat et de la clientèle" ."Eux, ils parlent de statut, moi je parle de travail. Et il a déclaré que "ceux qui affirment qu'ils y auraient moins de chômeurs s'il y avait moins d'heures supplémentaires, ça montre qu'ils n'ont rien compris à l'importance économique du travail".

LA REPLIQUE DE HOLLANDE

François Hollande dans une réunion publique au Mans   s'est exprimé sur le sujet : "Le travail, c'est une valeur de la République, ce n'est pas l'apanage d'une famille politique, d'un camp, d'une idéologie". "Le travail c'est ce qui permet d'avoir une utilité pour soi-même, son entreprise ou son administration. Le travail c'est ce qu'attendent des jeunes après avoir fait des études. Le travail, c'est ce qu'attend un chômeur, parfois depuis longtemps, à qui on n'a parfois proposé ni une formation ni un emploi, et qu'il n'a pas eu l'occasion de refuser".

Et le leader socialiste dénonce l'idée présidentielle de proposer sept heures obligatoires de travail d'intérêt général par semaine aux bénéficiaires du RSA. "Sept heures, pas davantage ! On ne sait pas d'ailleurs qui les paiera", a-t-il estimé. "Personne ne veut rester au RSA". "Cette idée est insupportable de laisser penser qu'il y aurait des personnes qui s'imposeraient de rester exprès dans la pauvreté pour bénéficier de prestations".

LE DEBAT

Le débat entre les deux challengers se situe à un plus haut niveau qu’une querelle électorale.

Toute  l’Europe doit à la faveur de la crise revisiter les fondamentaux de son économie. Il faut bien reconnaître que si le travail fuit l’Europe c’est parce que celle-fuit le travail. Pris dans le vertige de l’abondance et de l’endettement nous nous sommes préoccupés davantage des loisirs et de la réduction du temps de travail que de la compétitivité de notre économie.

De  même que si l’assistanat ne crée pas le chômage, Il peut encourager le demandeur d’emploi à une certaine passivité dans la recherche du travail.

On est au cœur ici de problèmes de sociétés qui mériteraient une approche scientifique et consensuelle.

 Mais est-ce possible au cœur d’une campagne électorale ?

Charles Debbasch