LE TRAVAIL AU CENTRE DE LA CAMPAGNE ELECTORALE
Dans une société en crise dans
laquelle le chômage augmente, les problèmes du travail se situent au premier
rang des préoccupations des Français.
SARRKOZY ET LE TRAVAIL
Nicolas Sarkozy a fait du travail un thème essentiel de sa campagne. Dans son
discours au Zénith de Lille, le 23 février 2012, il proclame : « Je veux
être le porte-parole de cette France qui veut vivre de son travail... c'est le
travail qui a fait la prospérité d'hier, c'est le travail qui fera la
prospérité de demain. » et il reprend la critique des 35 heures : « En divisant
le travail, en le partageant, on ne crée pas d'emplois, on détruit des emplois,
on décourage le travail... Il ne faut pas travailler moins, il faut travailler
davantage. »
.Pour le candidat libéral, le travail
remplit un triple objectif. Il est la condition du maintien de
la solidarité nationale. Il est la seule
réponse à la crise, Il est le seul moyen de rembourser les dettes... "En
2007, j'avais choisi le travail, je n'ai pas changé d'avis», a précisé le
chef de l'Etat.
Cet
éloge du travail s’accompagne d’une revalorisation de l’effort humain face aux
excès de la finance avec la baisse des charges pour augmenter les bas salaires,
l'interdiction des parachutes dorés et des retraites chapeau, l'augmentation de
la fiscalité sur les dividendes. Et le Président de conclure « Il faut que le
travail paie plus que les allocations, c'est une question de morale. Il faut
que le travail ne soit pas plus taxé que les revenus financiers, c'est une
question de justice. »
En ce domaine,
le président n’a pas estime-t-il à rougir de son bilan. Toutes les mesures
prises durant son quinquennat : l'allègement
du coût du travail, la suppression de la taxe professionnelle, la création du
RSA, n'ont eu qu'un seul objectif : préserver et encourager l'emploi.
"L'industrie, la production et le travail ont été replacés au cœur de la
politique comme jamais depuis les 30 glorieuses".
Cette promotion
du travail s’accompagne d’une critique de la société d’assistance. Celle-ci, si
elle ne crée pas le chômage ne dynamise pas assez ceux qui sont à la recherche d’un emploi. Nicolas Sarkozy se pose en défenseur de la
« valeur travail » contre l'assistanat et souhaite obliger les chômeurs à se
former aux métiers en tension puis à accepter
« la première offre d'emploi correspondant » à leur nouveau métier. C'est dans
cette même direction que, sur France 2, il a proposé d’imposer aux
bénéficiaires du RSA sept heures hebdomadaires de travaux d'intérêt général
.Pour lui les socialistes "sont
obsédés par le développement de l'assistanat et de la clientèle" ."Eux,
ils parlent de statut, moi je parle de travail. Et il a
déclaré que "ceux qui affirment qu'ils y auraient moins de chômeurs
s'il y avait moins d'heures supplémentaires, ça montre qu'ils n'ont rien
compris à l'importance économique du travail".
LA REPLIQUE DE HOLLANDE
François
Hollande dans une réunion publique au Mans s'est
exprimé sur le sujet : "Le travail, c'est une valeur de la République,
ce n'est pas l'apanage d'une famille politique, d'un camp, d'une
idéologie". "Le travail c'est ce qui permet d'avoir une
utilité pour soi-même, son entreprise ou son administration. Le travail c'est
ce qu'attendent des jeunes après avoir fait des études. Le travail, c'est ce
qu'attend un chômeur, parfois depuis longtemps, à qui on n'a parfois proposé ni
une formation ni un emploi, et qu'il n'a pas eu l'occasion de refuser".
Et
le leader socialiste dénonce l'idée présidentielle de proposer sept heures obligatoires de
travail d'intérêt général
par semaine aux bénéficiaires du RSA. "Sept heures, pas davantage ! On
ne sait pas d'ailleurs qui les paiera", a-t-il estimé. "Personne
ne veut rester au RSA". "Cette idée est insupportable de
laisser penser qu'il y aurait des personnes qui s'imposeraient de rester
exprès dans la pauvreté pour bénéficier de prestations".
LE DEBAT
Le
débat entre les deux challengers se situe à un plus haut niveau qu’une querelle
électorale.
Toute l’Europe doit à la faveur de la crise
revisiter les fondamentaux de son économie. Il faut bien reconnaître que si le
travail fuit l’Europe c’est parce que celle-fuit le travail. Pris dans le
vertige de l’abondance et de l’endettement nous nous sommes préoccupés
davantage des loisirs et de la réduction du temps de travail que de la
compétitivité de notre économie.
De même que si l’assistanat ne crée pas le
chômage, Il peut encourager le demandeur d’emploi à une certaine passivité dans
la recherche du travail.
On
est au cœur ici de problèmes de sociétés qui mériteraient une approche
scientifique et consensuelle.
Mais est-ce possible au cœur d’une campagne
électorale ?
Charles
Debbasch