Monday, October 23, 2006

LA VOIX DU PEUPLE : SEGOLENE ROYAL ET NICOLAS SARKOZY
MEME COMBAT ?
22 octobre 2006
Les deux leaders actuels de la course à la présidentielle viennent de présenter des propositions qui, assez étrangement, vont dans le même sens.
Nicolas Sarkozy, choqué à juste titre par les agressions contre les forces de l’ordre propose que les agresseurs passent désormais en Cour d’assises. Cette criminalisation vise à permettre aux jurés populaires de se prononcer dans ces affaires graves qui mettent en péril les fondements de la société républicaine. Cette participation populaire à la justice pourrait même être étendue aux tribunaux correctionnels pour certains délits graves.
Quant à Ségolène Royal, elle est allée plus loin. Elle a proposé de réformer la Constitution pour « clarifier et préciser la façon dont les élus pourraient être obligés de rendre des comptes à intervalles réguliers avec des jurys de citoyens tirés au sort, qui évaluent les politiques publiques », afin de mettre en place « une surveillance populaire sur la façon dont les élus remplissent leur mandat par rapport à la satisfaction des besoins ou par rapport au juste diagnostic des difficultés qui se posent »
Ces deux propositions si différentes participent cependant d’un même esprit. Sortir notre système de gouvernement du corporatisme et redonner au peuple voix au chapitre. Et il est vrai que nos institutions se sont repliées dans beaucoup de domaines sur des intérêts particuliers qui oublient- la volonté populaire. La justice devrait être rendue au nom du peuple alors que les magistrats ou du moins certains d’entre eux se comportent comme une caste irresponsable qui préfère la sauvegarde de ses privilèges au souci de la justice. Alors que les magistrats devraient pourchasser les erreurs judiciaires, on est étonné de l’attitude de nombre d’entre eux qui ont montré à l’occasion de l’affaire d’Outreau qu’ils préféraient soutenir un collègue que défendre la vérité. Sans la pression populaire les innocents d’Outreau auraient été condamnés pour défendre l’infaillibilité de l’institution judiciaire. C’est la présence des jurés populaires qui a permis de balayer la vérité révélée du juge Burgaud et non les corrections des voies de recours judiciaires.
Même si sa proposition bafoue quelque peu les règles de la démocratie représentative, Ségolène Royal exprime à sa façon la perte de confiance du peuple dans ses élus. Des mandats renouvelés trop souvent, une connivence de système entre élus des différents partis ont creusé le fossé entre la nomenklatura politique et les citoyens. L’obligation pour les élus de rendre compte autrement qu’une fois tous les quatre ou cinq ans, la nécessité de ne pas s’isoler dans une tour d’ivoire de compromissions correspondent à une profonde aspiration du peuple à l’égard de ses mandants.

Notre système institutionnel a besoin d’un grand coup de balai pour le dépoussiérer et l’aérer.

Charles Debbasch