Wednesday, January 09, 2008

LA CIVILISATION SARKOZY

Les hommes politiques forgent les lois et les règlements. Ils tentent parfois de modifier les comportements.

Lorsqu’ils sont plus audacieux, ils s’efforcent de changer la vie et parfois la société.

Leur empreinte sur la civilisation est plus difficile à mesurer. L’ensemble des comportements et des facteurs dominants qui constituent une civilisation s’inscrivent dans le marbre des siècles là ou le pouvoir du politique se dilue dans la poussière des années. Soixante ans de communisme ont changé la société russe. Ils n’ont pas vraiment modifié la civilisation russe.

Aussi l’étonnement fut grand lorsque Nicolas Sarkozy lors des vœux de nouvel an émit la prétention d’inscrire son action dans une perspective de civilisation. C’est pour répondre à cette interrogation que le Chef de l’Etat a consacré 45 minutes de sa conférence de presse du 8 janvier 2008 à expliquer son ambition.

"J'ai été élu en promettant un changement en profondeur, une véritable rupture", a-t-il martelé en expliquant que "la politique de la civilisation" est pour lui "la politique de la vie".

Les gouvernants dans les sociétés contemporaines au fonctionnement complexe se contentent le plus souvent de s’occuper de la gestion. Ce qui laisse une grande place aux bureaucraties et à l’immobilisme. Nicolas Sarkozy cherche à retrouver le fondement éthique de l’action gouvernementale. Il veut substituer une politique des valeurs à l’administration du quotidien

Sur ce terrain éthique, il souhaite promouvoir "l'amour, l'ouverture aux autres, l'humanisme, le respect". Dans la même veine, il a promis de faire inscrire avec l'aide de Simone Veil, l'égalité entre hommes et femmes, le respect de la diversité, l'intégration et les questions de bioéthique dans le préambule de la Constitution.

A l’évidence, cette recherche du sens de l’action est essentielle. Nos sociétés contemporaines ressemblent trop à des bateaux ivres qui se rendent résolument mais on ne sait où. Enfermées dans la quête du profit matériel, elles ont pour seul point d’ancrage la recherche du taux de croissance.

Mais il ne faut pas non plus oublier que l’homme politique n’est pas un prêtre. Il lui est difficile de se réfugier dans l’Olympe là où les électeurs l’attendent dans la rue. Il doit donc se préoccuper de l’intendance. Et après avoir disserté sur la philosophie de l’action Nicolas Sarkozy a du redescendre au niveau des taxes et redevances et de la publicité sur les chaines publiques.

Il n’est pas cependant indifférent que le Président de la République s’efforce d’introduire une nouvelle clé de cohérence dans l’action publique.

Charles Debbasch

J’ai théorisé la politique giscardienne dans mon livre L’ETAT CIVILISE paru chez Fayard en 1978


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