LE HOLLANDE DES VILLES ET LE HOLLANDE DES CHAMPS
LE
HOLLANDE DES VILLES ET LE HOLLANDE DES CHAMPS
Deux Hollande battent
le pavé de la campagne présidentielle.
Le Hollande des villes
qui parait déjà installé dans le fauteuil présidentiel se veut responsable. Il
sait que la situation économique ne lui permettra pas de promettre des avancées sociales miraculeuses.
Il connait la contrainte des chiffres et le lourd endettement de la France
Le Hollande des champs,
de jour en jour, laboure les terroirs de France et cherche à faire rêver les
groupes sociaux en difficulté. Il promet des lendemains qui chantent, prend des
accents mitterrandiens et annonce des avancées sociales historiques.
Mais, de plus en plus,
les deux Hollande- celui qui est enfermé dans le réel et celui qui dispense l’espoir-se
télescopent.
L’affaire des 60.000 enseignants
supplémentaires en est un bon exemple. . Le 9 septembre à Soissons, François Hollande que
s'il est élu, il entend "recréer 60 à 70 000 postes"
dans l'éducation durant son mandat. Il précise que ce ne seront pas seulement
des profs, mais aussi "des encadrants, des assistantes sociales, des
psychologues" et des professionnels "liés aux nouvelles technologies».
Mais, dès les jours suivants, il hésite sur le financement de cette mesure.
De ses explications embarrassées on croit comprendre
qu’il ne s’agira pas de créations fraiches mais de redéploiement de postes
issus d’autres secteurs de l’administration. C’est ce que précise Jérôme
Cahuzac le président socialiste de la commission des finances de l’Assemblée
qui a estimé qu’«il
n’y (aurait) pas de postes supplémentaires créés dans la fonction publique
d’Etat» parce que «la France n’en a tout simplement pas les moyens».
Et il précise que la proposition de créer 12.000 postes par an dans l’éducation
se ferait «par redéploiement», croit.
Cette position sera aussitôt critiquée par l’aile gauche du PS., La sénatrice
Marie-Noëlle Lienemann, le député Henri Emmanuelli et Benoît Hamon,
porte-parole du PS, signent un communiqué pour s'étonner de
«l’interprétation faite par Jérôme Cahuzac», tout en vantant «la
proposition ambitieuse» de Hollande. «Si les 60.000 créations de postes
[...] ne devaient l’être que par redéploiement, cela reviendrait à réduire le
service public de la santé ou de l’emploi pour consolider les moyens de
l’Education nationale», dénoncent-ils. Et ils lancent un avertissement :
une mesure consistant à déshabiller d’autres administrations publiques pour
rhabiller l’éducation «n’aurait aucun sens».
Ce désordre dans l’expression provoque la colère du
candidat socialiste qui tonne. «On a tout pour gagner. Si on ne gagne pas,
on ne le devra qu’à nous-mêmes.»
Il reste que c’est le positionnement même de la
candidature Hollande qui provoque ces couacs.
Celle-ci se situe dans une perspective centriste de second
tour où le candidat du PS aura besoin des voix centristes pour triompher de son
adversaire de droite .Cette perspective ne réjouit pas l‘aile gauche du PS qui
voit avec inquiétude les progrés du Front de Gauche de Jean-Luc Mélenchon. Par ailleurs,
si François hollande a remporté la primaire c’est son adversaire Martine Aubry
qui contrôle le parti et est en situation
de mettre sous tutelle le candidat de SON parti.
On serait alors tenté
de dire qu’il y a bien deux candidatures Hollande.
Le Hollande des villes
est un candidat de second tour qui doit par sa sagesse inspirer confiance à la
majorité des Français.
Le Hollande des Champs
est un candidat de premier tour qui doit rassembler toute la gauche pour se qualifier.
D’où un difficile exercice
d’équilibriste entre deux stratégies opposées.
Charles Debbasch