Monday, September 10, 2007

REPENSER LA POLITIQUE AFRICAINE DE LA FRANCE
Depuis une trentaine d'années, la France n'a plus de véritable politique africaine. Son influence dans l'Afrique francophone décroit de jour en jour tandis que de nouveaux partenaires plus dynamiques, comme la Chine ou les Etats-Uni,s remplacent progressivement l'ancienne puissance coloniale.
La réduction du rôle de la France est, en premier, la conséquence du déclin et du renoncement français. Notre rayonnement intellectuel s'est fortement réduit. Nous sommes de moins en moins capables d'attirer l'élite africaine dans notre sillage. Nos Universités en décrépitude ne supportent pas la concurrence avec les grands campus américains. Les grandes familles africaines ont pris l'habitude d'envoyer leurs surdoués étudier aux Etats-Unis et leurs enfants plus réfractaires à l'enseignement en France. Au demeurant, notre politique des visas décourage et souvent humilie les candidats. L'arbitraire des consulats ressemble à une loterie là où il faudrait au contraire des décisions motivées rendues sur l'avis de savants.
Progressivement, également, la France perd pied dans les études africaines. Elle forme de moins en moins de cadres et de chercheurs africanistes-la suppression des écoles spécialisées comme l'Ecole de la France d'outre-mer fut à cet égard une catastrophe. Elle envoie de moins en moins d'enseignants dans les Universités africaines. Le tissu des relations entre les intellectuels français et africains est ainsi en train de s'effilocher.
La politique africaine se cherche et elle ne figure pas dans les terrains où on espèrerait la rencontrer.
Au Quai d'Orsay tout d'abord. La bureaucratie des Affaires Etrangères a réalisé son vieux rêve : digérer et intégrer en son sein le ministère de la Coopération. La politique étrangère de la France est ainsi devenue mondiale et la Cote d'Ivoire ou le Gabon sont placés sur le même pied que le Honduras ou la Biélorussie. Les postes dans les Ambassades sont devenus interchangeables et une polyvalence insipide a pris la place de la compétence passionnelle. L'idéologie du Quai d'Orsay repose sur une vue mondialiste de la politique étrangère qui récuse tout traitement privilégié des relations avec l'Afrique.
L'Union européenne a, il est vrai, pris notre relais dans la plupart des dossiers de coopération, Mais faute d'unité et de stratégie communes, les institutions européennes s'enfoncent dans l'idéologie et l'amateurisme idéologique. Elles sont plus aptes à disposer des myriades d'observateurs juchés sur de puissants 4/4 destinés à contrôler que les élections répondent à l'apparence de la démocratie qu'à aider au développement de l'Afrique. Il s'agit avant tout de plaire aux medias occidentaux. Dans son récent rapport sur la politique africaine de la France Hubert Vedrinea raison de remarquer : « La solution dite "d'européanisation" ne peut être que partielle, ou alors c'est un leurre et une démission : il n'y a pas de volonté à 27 pour mener une vraie politique africaine, tout juste une politique d'aide très conditionnée, ce qui ne répond plus au besoin à l'heure où l'Afrique, elle aussi, utilise les opportunités de la globalisation ; il vaut mieux travailler à faire converger les politiques africaines de ceux qui en ont une : France, Grande Bretagne, Portugal, Espagne, Italie, peut être Allemagne, Commission. Notre politique africaine doit être repensée dans son ton, son style, ses méthodes. »
En réalité, l'absence d'une véritable politique africaine de la France repose sur une démission. C'est parce que nous n'avons pas osé aborder de front les problèmes de notre relation avec l'Afrique francophone que nous nous sommes déchargés sur d'autres. Il faut, à présent, avec le consensus de toute la classe politique française et en partenariat avec les pays africains, définir une nouvelle politique africaine ambitieuse et généreuse.
Charles Debbasch

Labels: , ,