Wednesday, September 28, 2011

LE SENAT A GAUCHE

Le scrutin sénatorial du 25 septembre 2011 qui portait sur le renouvellement de la moitié des sénateurs a fait basculer le Sénat à gauche. C’est une première dans l’histoire de la Ve République.


LA VICTOIRE INCONTESTABLE DE LA GAUCHE



170 sièges étaient à pourvoir dont112 sénateurs élus à la représentation proportionnelle et 58 sénateurs élus au scrutin majoritaire.



Après le scrutin sénatorial du 25 septembre 2011, l’opposition se retrouve majoritaire en nombre pour la première fois dans l’histoire de la Ve République : 177 des 348 sénateurs sont à présent classés à gauche. C’est un succès incontestable pour le parti socialiste et pour son allié écologiste .En effet, les écologistes passent de 4 à 10 sièges dans la chambre haute du Parlement. La droite a perdu des départements qu'elle détenait traditionnellement comme la Lozère. Dans le Morbihan, contre toute attente, la gauche a remporté les trois sièges.



"Pour la première fois, le Sénat connaît l'alternance", a déclaré le chef de file des sénateurs PS, Jean-Pierre Bel."Le changement est en marche", a-t-il ajouté. Sauf imprévu ou débauchage le sénateur Bel devrait être élu président du sénat







UN SUCCES DU A L’IMPLANTATION LOCALE DU PS



Le succès du PS est la conséquence mécanique de ses victoires aux élections régionales, départementales et municipales puisque ce sont ces collectivités qui choisissent les grands électeurs chargés de désigner les sénateurs. La ruralité du vote sénatorial, même si elle s’est estompée, reste dominante mais elle ne bénéficie plus automatiquement à la droite .Les campagnes sont investies par un nouveau milieu associatif favorable à la gauche.







Les DIVISIONS DE LA MAJORITE UMP



Le succès de la gauche est aussi lié aux divisions de la majorité UMP. La droitisation de l’UMP laisse échapper une partie des voix centristes qui se réfugient dans l’abstention ou rejoignent l’opposition. "Cette défaite est essentiellement une défaite de l'UMP due au sectarisme de ses dirigeants", a estimé Dominique Paillé du Parti radical tandis que Laurent Hénart, fidèle de Jean-Louis Borloo, s'est réjoui de la progression des candidats de la confédération centriste dans ce "contexte très difficile pour la majorité sortante".



Alain Juppé a estimé que le revers subi par l'UMP aux élections sénatoriales était "un échec" pour la majorité présidentielle et a mis en cause "l'effet de la division", tout en appelant "à surmonter cette tendance qui est suicidaire". "On a calculé que cette division au sein de l'UMP nous avait fait perdre 7 ou 8 sièges, c'est-à-dire la différence entre majorité et minorité. C'est le fruit amer de la division, je le regrette profondément", a ajouté le ministre des Affaires étrangères.



"Il faut que nous surmontions cette tendance à la division qui est suicidaire. Ca marche à tous les coups. Quand on veut perdre, on sait ce qu'il faut faire, il faut se diviser, c'est imparable", a-t-il dit, en appelant au rassemblement "autour du président de la République, autour du gouvernement et des réformes qui nous restent encore à faire ou à expliquer quand elles ont été faites".



LA CRISE ECONOMIQUE



Tout vote est tributaire de la situation générale et la crise économique plombe tous les gouvernements au pouvoir .Elle fragilise le leadership des dirigeants qui ont du mal à garder l’autorité sur leurs troupes. Les mauvais sondages qui en résultent ont un effet dévastateur puisque le personnel politique est tenté de prendre la porte de sortie d’avance et anticipe l’échec. Un exemple parmi tant d’autres : la dissidence de Pierre Charon ancien collaborateur de Nicolas Sarkozy qui a choisi de faire liste à part et qui a été élu sénateur à Paris.



ET LA PRESIDENTIELLE ?



Il est difficile en l’état de tirer des conséquences nationales de cette addition de scrutins locaux. Néanmoins, les candidats à la primaire socialiste ont vu dans ce nouveau succès électoral un signe "prémonitoire" pour 2012 (François Hollande), "un échec pour le président de la République" (Martine Aubry), ou encore "une rébellion des territoires et des populations abandonnés par l'Etat" (Arnaud Montebourg). Quant à François Fillon ; il a appelé ses troupes à se ressaisir pour la présidentielle de 2012. "Le moment de vérité aura lieu au printemps prochain. Ce soir, la bataille commence", a-t-il dit dans un communiqué.



Avec ces élections sénatoriales , un clignotant rouge s’est allumé sur la prochaine candidature présidentielle de Nicolas Sarkozy.







Charles Debbasch



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