L'ELECTION DE FRANCOIS HOLLANDE
L’imprévu est souvent au
rendez-vous de la politique .Voilà encore quelques mois , Nicolas Sarkozy, de son piédestal élyséen,
pouvait regarder François Hollande avec dédain. Il se voyait en lièvre pouvant
se contenter d’une campagne brève et musclée. Il a été doublé par la tortue Hollande
qui partie tôt en campagne a, avec ténacité, labouré le terrain.
LA TORTUE HOLLANDE
Avec son allure modeste , son apparente indétermination, le candidat
Hollande a trompé tout son monde et notamment son adversaire. .Il est
monté en puissance sans précipitation, sans ostentation.
Orateur besogneux et poussif
en début de campagne, il s’est révélé tribun capable de soulever les foules au
fur et à mesure que la vague qui le portait s’est enflée.
Après le retrait forcé de Dominique
Strauss-Kahn, il lui a fallu s’imposer
parmi les siens. Il a du supporter les critiques et les remarques peu
flatteuses sur sa « normalité » avant de réussir à gagner
l’investiture du Ps après une primaire rude et disputée mais réussie. Le voilà
aujourd’hui élu des Français et devenant
le sixième Président de la cinquième République battant le Président sortant
Nicolas Sarkozy. Il est porté au pouvoir avec 51,67 % des voix (soit 17,8 millions
de voix) devant Nicolas Sarkozy (48,33 % des suffrages exprimés, soit 16,7
millions de voix).
LE RECUL DE L’ABSTENTION
Les Français se sont davantage déplacés pour
ce second tour de scrutin le taux d'abstention s'est établi à 18,97 %. Mais la
participation est inférieure à celle de 2007 où le taux d'abstention était de 16,03.
La participation s'établit à 81,14 %. Un taux inférieur au second tour de la
présidentielle de 2007 (83,97 %), mais supérieur à celui du premier tour de
2012 (79,5 %).
LA PROGRESSION DES VOTES BLANCS ET NULS
2,1 millions d'électeurs ont voté blanc ou
nul, soit près de 5,84 % des votants. En 2007, ils étaient 1 568 426 (4,2 %),
selon les chiffres du ministère de l'intérieur.En effet, Marine Le Pen (FN) qui était arrivée troisième du premier tour avec 17,90 % des voix, avait annoncé qu'elle voterait blanc, refusant de choisir entre le candidat de l'UMP et celui du PS.
Ainsi, deux millions
de Français ont délibérément refusé d’apporter leurs votes aux candidats en
présence. A titre comparatif on peut citer les chiffres des votes blancs et
nuls lors des précédents scrutins présidentiels.
1995 : 2,82% au
premier tour, 5,97% au second ;
1988 : 2,00% au
premier tour, 3,62% au second ;
1981 : 1,62% au premier tour, 2,88% au second :
1974 : 0,92% au premier tour, 1,34% au second.
1965, 1,01% au premier tour et 2,74% au second.
Les
partisans d’un comptage à part du vote blanc y trouveront un argument
supplémentaire. En effet , si on comptabilisait
les votes blancs, François Hollande obtiendrait moins de 50% des suffrages
exprimés. C’était le déjà le cas de Jacques Chirac en 1995.
Je ne partage cependant pas cet avis .La démocratie exige un choix des citoyens
et pas une posture d’enfant gâté recherchant un idéal qui n’existe pas.
DE BONS REPORTS DE VOIX
Un
sondage CSA révèle plusieurs enseignements sur le scrutin présidentiel.Le report de voix a été très bon à gauche. 87 % des électeurs au premier tour du candidat du Front de Gauche Jean-Luc Mélenchon se sont reportés sur François Hollande.
Les électeurs du centriste François Bayrou, ont été 33 % à se reporter sur François Hollande, et 52 % sur Nicolas Sarkozy alors que François Bayrou a indiqué voter, à titre personnel, pour François Hollande,
Quant aux électeurs au premier tour de Marine Le Pen, ils ont voté majoritairement, et sans surprise, pour Nicolas Sarkozy (56 %) plutôt que pour François Hollande (28 %). Mais seul un report de l’ordre de 70 % à 80 % aurait permis au président sortant de l’emporter.
ET MAINTENANT
L’élection de François Hollande est la traduction d’une profonde volonté de changement.
Souhait de sortir de la crise économique, souhait aussi de voir une nouvelle élite politique accéder au pouvoir. Mais les problèmes de fond restent entiers.
La France a un chômage de plus de 10 %.
Les dépenses publiques absorbent
56 % du PIB.
La dette publique, se situe autour de
1 700 milliards d’euros, soit 85,3 % du PIB.
Une équation difficile pour le nouveau chef de l’Etat :
éviter la déroute financière sans décevoir les espoirs de ceux qui l’ont porté
au pouvoir.
CHARLES DEBBASCH