LE DEPHASAGE DES ELITES POLITIQUES EUROPEENNES
Il est des moments dans l’histoire des Etats où la classe politique est en décalage par rapport à l’opinion, où les réponses politiques ne correspondent pas aux attentes populaires. La France et la plupart des sociétés occidentales sont à l’évidence dans une telle situation.
LE CONSTAT
Le constat est clair .En Europe la plupart des gouvernements en place ont une assise politique réduite. Si l’on extrait les abstentionnistes, les votes blancs ou nuls, les non-inscriptions sur les listes électorales, on s’aperçoit que le socle électoral du parti victorieux représente moins d’un tiers du pays réel.
Ces majorités fragiles en voix sont également peu durables. Crises aidant, les peuples chassent lors des votes les majorités en place en se disant qu’ils n’ont rien à perdre. Quand l’occasion se présente, ils donnent le pouvoir local aux partis qui ne font pas partie de la majorité nationale.
Les opinions politiques restent très fluctuantes, les électeurs ont un taux de fidélité réduit à l’égard de leur parti et les sondeurs se désespèrent de ne pouvoir prédire à l’avance les choix des électeurs susceptibles de changer d’avis jusqu’à la dernière minute.
La personnalisation du débat politique parachève ce tableau. Les électeurs sont plus attachés à la personnalité des candidats qu’à leurs programmes .Mais, gare, les idoles d’un jour sont les victimes expiatoires de demain. Les électeurs exigent non des promesses mais des obligations de résultats et, si ceux-ci manquent à l’appel, les citoyens sont prêts à couper la tête de leurs idoles.
LES CAUSES
L’expansion économique des trente dernières années a effacé les barrières idéologiques. Les Etats sont devenus de gigantesques machines de redistribution des richesses. Droite et gauche déversent lors de chaque campagne le torrent d’allocations destinées à acheter les électeurs. Leurs programmes se différencient peu : une pincée d’aides nouvelles, un soupçon de politique fiscale dirigée en faveur des électeurs potentiels, un zeste de nationalisme ou d’internationalisme supplémentaire.
Le socialisme est mort mais le libéralisme sauvage ne se porte pas mieux. Privés d’orientations les Etats sont devenus ivres, ils ne savent plus où ils vont.
Alors et surtout qu’ils ont reproduit à l’échelle européenne, le modèle- si tant est qu’il existe- qui sévit sur le plan national : la fuite en avant. On le voit ces temps-ci à propos de l’euro où l’on feint de découvrir qu’une monnaie commune n’est pas viable sans politiques économiques coordonnées.
LES VOIES DE L’AVENIR
Dans les années à venir, les Etats européens n’échapperont pas aux choix trop longtemps différés : retrouver un élan démocratique qui redonne aux peuples le pouvoir confisqué par les technocraties, redéfinir le rôle des Etats et moderniser leurs gestions, rétablir les fondamentaux de l’économie malmenés par des gestions dispendieuses, retrouver le sens de la discipline et de l’effort qui sont les meilleurs remparts contre la mondialisation.
Charles Debbasch
Friday, September 02, 2011
BLOG CHARLES DEBBASCH REFLEXIONS SUR LA VIE POLITIQUE EN FRANCE
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